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SCÈNE III.
qui me sont parvenues sur vous, je veux bien ne pas les croire, mais c’est aveuglement de ma part, car, je le sais, vous êtes assez fou pour avoir voulu commettre et assez habile pour avoir accompli toutes ces coquineries.
LE CLOWN.

Vous n’ignorez pas, madame, que je suis un pauvre hère.

LA COMTESSE.

C’est bon, monsieur.

LE CLOWN.

Non, madame, il n’est pas bon que je sois pauvre, quoique la plupart des riches soient damnés. Mais, si Votre Excellence daigne m’autoriser à me mettre en ménage, la femme Isabeau et moi, nous ferons comme nous pourrons.

LA COMTESSE.

Tu veux donc devenir un mendiant ?

LE CLOWN.

Je mendie seulement votre autorisation dans cette affaire.

LA COMTESSE.

Dans quelle affaire ?

LE CLOWN.

L’affaire d’Isabeau et la mienne. Service n’est pas héritage ; et je crois bien que je n’obtiendrai jamais la bénédiction de Dieu avant d’avoir une progéniture de mon corps ; car, comme on dit, les poupons sont bénédiction.

LA COMTESSE.

Dis-moi la raison pour vouloir te marier.

LE CLOWN.

Mon pauvre corps l’exige, madame ; je suis entraîné par la chair ; et il faut marcher quand le diable nous entraîne.