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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.
— Son regard en est languissant ; à présent je le vois bien.
Entre Hélène.
HÉLÈNE.

— Quel est, votre bon plaisir, madame ?

LA COMTESSE.

Vous savez, Hélène, — que je suis une mère pour vous.

HÉLÈNE.

Mon honorable maîtresse !

LA COMTESSE.

Non, une mère. — Pourquoi pas une mère ? Quand j’ai dit : une mère, — il m’a semblé que vous voyiez un serpent : qu’y a-t-il donc dans une mère — qui vous fasse tressaillir ? Je répète que je suis votre mère, et que je vous mets au nombre de ceux — que mes entrailles ont faits miens. Cela se voit souvent, — l’adoption rivalise avec la nature : le choix produit pour nous — d’une semence étrangère comme un rejeton naturel. Vous ne m’avez jamais coûté de maternelles douleurs, — et pourtant je vous témoigne une maternelle tendresse… — Dieu me pardonne, jeune fille ! Est-ce que cela te tourne le sang — que je me dise ta mère ? Comment se fait-il — que cette messagère orageuse de larmes, cette Iris aux changeantes couleurs encercle ton regard ? — Quoi ! parce que vous êtes ma fille !

HÉLÈNE.

Parce que je ne le suis pas.

LA COMTESSE.

Je dis que je suis votre mère.

HÉLÈNE.

Pardon, madame : — le comte de Roussillon ne peut