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SCÈNE IV.
vu un médecin — qui est capable d’inspirer la vie à une pierre, — d’animer un roc, et de vous faire danser la gavotte avec la fougue et la prestesse la plus entraînante ; son simple attouchement — est assez puissant pour ressusciter le roi Pépin, que dis-je ? — pour faire prendre la plume au grand Charlemagne, — et lui faire écrire à elle-même une lettre d’amour.
LE ROI.

Qui, elle ?

LAFEU.

— Eh bien, le médecin, monseigneur. Il est arrivé ici un docteur femelle : — voulez-vous l’admettre ?… J’en jure sur ma foi et sur mon honneur, — s’il m’est permis d’exprimer sérieusement ma pensée — après cet exorde badin, je viens de parler à une personne — dont le sexe, l’âge, le projet, — la sagesse et la résolution m’ont causé une stupéfaction — que je ne puis imputer à ma faiblesse d’esprit. Voulez-vous la voir, Sire — (car c’est là ce qu’elle demande), et savoir son projet ? — Cela fait, riez de moi tout à votre aise.

LE BOI.

Eh bien, mon bon Lafeu, — introduis cette merveille, afin que nous puissions — partager ton étonnement ou le dissiper — en nous en étonnant.

LAFEU.

Ah ! je vous persuaderai, — et cela avant la fin du jour.

Il sort.
LE ROI.

— Il fait toujours de ces longs prologues à des riens !

Lafeu rentre avec Hélène.
LAFEU.

— Allons, avancez.