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SCÈNE IV.
d’une catin éhontée, — chansonnée par d’odieuses ballades ! Oui, si j’échoue, que mon nom de vierge — soit déshonoré et que, soumise au châtiment des pires, — mon existence se termine dans les plus viles tortures !
LE ROI.

— Il me semble qu’un esprit sublime parle en toi ; — j’entends sa voix puissante par ton faible organe. — Ce que le sens commun repousse comme impraticable, — un sens supérieur le replace dans le possible. — Ta vie est chose précieuse ; car tous les biens qui, dans cette vie, — valent la peine de vivre sont accumulés en toi : — jeunesse, beauté, sagesse, courage, vertu, tous — les dons heureux que peuvent revendiquer le bonheur et le printemps de l’âge ! — Pour hasarder, comme toi, tout cela, il faut avoir — ou une science infinie ou un monstrueux désespoir. — Charmant docteur, je veux essayer du remède que tu m’apportes — et qui t’administre la mort, si je meurs.

HÉLÈNE.

— Si je romps le délai fixé, si je fléchis dans l’accomplissement — de ce que je dis, que je meure maudite, — et je l’aurai mérité. Pas de guérison ? la mort est mon payement ; — mais, si je vous guéris, que me promettez-vous ?

LE ROI.

— Fais ta demande.

HÉLÈNE.

Mais me l’accorderez-vous ?

LE ROI.

— Oui, par mon sceptre et par mes espérances de ciel !

HÉLÈNE.

— Eh bien, tu me donneras, de ta royale main, — le mari, soumis à ta puissance, que je t’indiquerai. —