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NOTES.

(20) La plaisanterie dont Vicentio est ici victime est poussée encore plus loin dans la comédie primitive. Là Ferando et Catherine, en retournant chez le beau-père, rencontrent le duc de Cestus, qui se rend à Athènes pour y chercher son fils Aurelius, et voici en quels termes tous deux abordent le duc.

FERANDO.

— Aimable vierge, si jolie, si jeune, si affable, — plus brillante de couleurs et bien plus belle — que la précieuse sardoine, que le cristal empourpré — de l’améthyste ou que l’étincelante hyacinthe, — bien plus agréable que n’est la plaine liquide — où la transparente Céphyre, dans les bosquets argentins, — contemple le géant Androgée !… — Suave Catherine, salue donc cette aimable femme.

LE DUC.

— Je crois que l’homme est fou… Il me prend pour une femme.

CATHERINE, au duc.

— Aimable vierge, si jolie, si brillante, si cristalline, — vierge aussi belle, aussi majestueuse que l’oiseau à l’œil infatigable ! — vierge aussi glorieuse que la matinée de rosée[1] ! — toi dans les yeux de qui elle puise ses rayons crépusculaires ! — toi sur les joues de qui repose l’été d’or ! — enveloppe ta lumière dans quelque nuage, — de peur que ta beauté ne rende cette magnifique cité — aussi inhabitable que la zone brûlante, par les reflets charmants de ton aimable visage !

(21) Il y a ici, dans la pièce publiée en 1594, un incident que le poëte a retranché plus tard. Pendant les dernières scènes, Sly s’est complètement endormi. Le lord qui l’a fait transporter dans sa maison s’en aperçoit et ordonne aux valets d’enlever le pauvre dormeur, de lui remettre ses vieux habits et de le remporter devant la taverne. L’ordre est exécuté et Sly disparaît avant la scène finale.

(22) Le dénoûment est exactement pareil dans la vieille comédie. Là, Ferando gagne le pari comme ici Petruchio. Catherine, devenue aussi docile que Catharina, arrive la première à l’appel, et, ramenant de force ses sœurs, leur prêche la soumission envers leurs maris. Je traduis la fin de la pièce originale

  1. As glorious as the morning wash’d with dew.
    Cette comparaison, légèrement modifiée, se trouve à la scène iii de la comédie définitive :

    As clear
    As morning rose wash’d with dew.

    Aussi brillante
    Que la rose du matin baignée de rosée.