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NOTES

ÉMILIA.

Cela vaut mieux que d’être un agneau.

POLIOR.

Allons, puisque c’est fait, partons.

Sortent Polidor et Émilia.
Entrent deux valets portant Sly revêtu de ses propres habits ; ils le laissent où ils l’ont ramassé la veille, et puis s’en vont ; alors entre le Cabaretier.
LE CABARETIER.

— Maintenant que la nuit sombre est passée, — et que le jour commence à poindre dans le ciel de cristal, — il faut que je me hâte de sortir : mais doucement ! qui est ici ? — Quoi ? Sly !… ô merveilleux ! a-t-il donc couché là toute la nuit ? — Je vais l’éveiller. Je crois qu’il serait mort de faim déjà, — si sa bedaine n’était pas si remplie d’ale. — Allons, Sly ! éveille-toi ! par pudeur ! —

SLY.

Sim, donne-moi-z-encore du vin ! Quoi ! est-ce que les acteurs sont partis ? Est-ce que je ne suis plus lord ?

LE CABARETIER.

Un lord ! peste soit de toi ! Allons ! es-tu ivre encore ?

SLY.

Qui est là ? Le cabaretier ! Ô mon Dieu ! l’ami, j’ai eu cette nuit le plus magnifique rêve dont tu aies jamais ouï parler dans toute ta vie.

LE CABARETIER.

— Oui, morbleu ! mais tu aurais mieux fait de rentrer chez toi, — car ta femme va te tancer pour avoir rêvé ici cette nuit.

SLY.

— Elle ! allons donc ! Je sais comment on apprivoise une femme hargneuse. — J’ai rêvé de cela toute cette nuit, et tu m’as réveillé du meilleur rêve — que j’aie eu de ma vie. Mais je vais, de ce pas, trouver ma femme, — et je l’apprivoiserai, moi aussi, si elle me fâche.

LE CABARETIER.

— Eh bien, attends, Sly ; je vais t’accompagner, — et tu me raconteras le reste du rêve que tu as fait cette nuit.

Ils sortent.


(23) Tout est bien qui finit bien est une des dix-sept pièces de Shakespeare qui ne furent imprimées qu’après sa mort. Enregistrée au Stationers’ Hall le 8 novembre 1623, cette comédie parut la même année dans la grande édition publiée par Blount et Jaggard ; elle remplit quinze feuillets de l’in-folio, suivant La Sauvage apprivoisée et précédant le Soir des rois (Twelfth night). Les éditeurs, qui ont pris soin de la diviser en cinq actes, ne se sont pas donné la peine de la diviser en scènes.

Aucun document ne permet de fixer l’époque à laquelle cette pièce fut représentée pour la première fois. Mais tout porte à croire,