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SCÈNE II.

messire Lucullus, vous prie à chasser demain avec lui et envoie à Votre Honneur deux couples de lévriers.

timon.

— Je chasserai avec lui. Qu’on reçoive ce cadeau, — mais non sans une convenable réciprocité.

FLAVIUS, à part.

Comment cela finira-t-il ? — Il nous ordonne de faire des préparatifs et de donner de somptueux présents, — le tout avec un coffre vide. — Il ne veut pas savoir l’état de sa bourse, ni me permettre — de lui démontrer à quelle pénurie est réduite sa générosité, — désormais impuissante à satisfaire ses désirs. — Ses promesses dépassent tellement ses ressources, — que tout ce qu’il dit l’endette ; il doit davantage — à chaque mot ; il est si bon que maintenant il paie les intérêts de sa bonté ; — ses terres sont toutes hypothéquées. Ah ! je voudrais — être doucement congédié de mon office, avant d’en être chassé par la force des choses. — Mieux vaut n’avoir pas d’amis à fêter — qu’avoir ainsi des amis pires que des ennemis ! — Le cœur me saigne pour mon maître.

Il sort.
TIMON, causant avec plusieurs convives.

Vous vous faites — injure à vous-mêmes, en ravalant à ce point votre mérite.

Offrant un bijou à l’un d’eux.

Voici, monseigneur, un menu souvenir de notre amitié.

deuxième seigneur.

— Je le reçois avec une reconnaissance qui n’est certes pas banale.

troisième seigneur.

— Oh ! il est l’âme même de la générosité.

TIMON, au deuxième seigneur.

Eh ! je me souviens, monseigneur, vous avez fait — l’au-