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SCÈNE IV.

SCÈNE IV.
[Le palais du roi à Londres.]
Entrent Richard, Bagot et Green, puis Aumerle.
richard.

— Nous l’avons remarqué… Cousin Aumerle, — jusqu’où avez-vous accompagné le haut Hereford ?

aumerle.

— J’ai accompagné le haut Hereford, puisque ainsi vous l’appelez, — jusqu’à la première grande route, et je l’ai quitté là.

richard.

— Et, dites-moi, la séparation a-t-elle fait verser bien des larmes ?

aumerle.

— Ma foi, aucune de ma part, n’était un vent du nord-est, — qui, en nous soufflant aigrement au visage, — a réveillé la pituite endormie, et a ainsi, par hasard, — honoré d’une larme notre creuse séparation.

richard.

— Qu’a dit notre cousin, quand vous l’avez quitté ?

aumerle.

Il m’a dit adieu ; — et, comme mon cœur répugnait à ce que ma langue — profanât ce mot, j’ai habilement feint — d’être accablé par une telle douleur — que les paroles semblaient ensevelies dans la tombe de mon chagrin. — Morbleu ! si le mot adieu avait pu allonger les heures — et ajouter des années à son court bannissement, — il aurait eu de moi un volume d’adieux ; — mais, la chose étant impossible, il n’en a pas eu un seul.