— Je dis que la terre tremblait, quand je suis né.
— Et moi, je dis que la terre était d’une autre humeur que moi, — si, comme vous le supposez, elle tremblait par peur de vous.
— Les cieux étaient tout en feu ; la terre tremblait.
— Oh ! alors la terre tremblait de voir les cieux en feu, — et nullement parce que votre naissance lui faisait peur. — La nature malade éclate souvent — en éruptions étranges. Souvent la terre en travail — est affligée et tourmentée d’une sorte de colique — par des vents impétueux, emprisonnés — dans ses entrailles qui, en cherchant une issue, — secouent cette vieille bonne dame, la terre, et culbutent — clochers et tours couvertes de mousse. À votre naissance, — notre mère-grand la terre, ayant ce dérangement, — frissonnait convulsivement.
Cousin, je ne supporterais pas — ces contradictions de bien des gens. Permettez-moi — de vous dire encore une fois qu’à ma naissance — le front du ciel était rempli de formes flamboyantes ; — les chèvres s’enfuyaient des montagnes, et les troupeaux — couvraient d’étranges clameurs les plaines épouvantées. — Ces signes m’ont marqué pour extraordinaire, — et tout le cours de ma vie montre — que je ne suis pas sur la liste des hommes vulgaires. — Où est, dans l’enceinte tracée par la mer — qui murmure contre les côtes d’Angleterre, d’Écosse et de Galles, — le vivant qui peut m’appeler son élève ou qui m’a donné des leçons ? — Et pourtant trouvez-moi un fils de la femme, — qui puisse me suivre dans les voies ardues de la science — et marcher de front avec moi dans les expériences les plus profondes.