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HENRI IV.

veurs sur votre tête, — et un déluge de prospérités tomba sur vous : — notre secours, l’absence du roi, — les abus d’une époque de désordre, — les souffrances que vous aviez apparemment supportées, — et les vents contraires, qui retenaient le roi — dans sa malheureuse guerre d’Irlande, depuis si longtemps — que toute l’Angleterre le croyait mort, — tout cela était pour vous un essaim d’avantages ; — vous en prîtes occasion pour vous faire prier au plus vite — de prendre en main le pouvoir suprême. — Vous mîtes en oubli le serment que vous nous aviez fait à Doncaster. — Élevé par nous, vous nous avez traités — comme ce nourrisson ingrat, le coucou, — traite le passereau ; vous avez bouleversé notre nid. — Votre hauteur, alimentée par nous, est devenue telle — que notre dévouement même n’a plus, osé s’offrir à votre vue — de peur d’être dévoré ; et nous avons été forcés, — dans l’intérêt de notre sûreté, de fuir à tire-d’aile — votre présence et d’improviser cette résistance, — forts désormais des armes — que vous-même avez forgées contre vous-même — par vos iniques procédés, par votre attitude menaçante, — et par la violation de tous les vœux et de tous les serments — que vous aviez faits dans la jeunesse de votre entreprise.

le roi.

— Toutes ces choses-là, vous les avez débitées, — proclamées aux croix des marchés, lues dans les églises, — pour lustrer le vêtement de la rébellion — de quelques belles couleurs qui puissent plaire aux yeux — des esprits capricieux et changeants, de ces pauvres mécontents — qui restent bouche béante et se frottent les mains — à la nouvelle de tout bouleversement nouveau. — Jamais insurrection n’a été à court — de fausses couleurs pour décorer sa cause, — ni de gueux turbulents, affamés — de trouble, de dévastation et de confusion.