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SONNETS.

CLV

Ni mes propres pressentiments, ni l’âme prophétique de l’univers immense rêvant aux choses à venir, ne peuvent désormais fixer de terme au bail de mon amour, qu’on supposait condamné à une résiliation fatale.

La lune condamnée a survécu à son éclipse, et les augures de malheur se moquent maintenant de leurs présages. Les doutes se couronnent enfin dans la certitude, et la paix arbore l’olivier des âges sans fin.

Mon amour est à jamais rafraîchi sous les gouttes d’un baume inépuisable, et la mort se soumet à moi. En dépit d’elle, je vivrai dans ces pauvres rimes, tandis qu’elle écrasera les masses hébétées et sans voix.

Et toi, tu auras ici ton monument, ami, quand seront détruites les couronnes et les tombes de cuivre des tyrans !


fin des sonnets (18).