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VÉNUS ET ADONIS.


renversée elle-même, et le tient par la force, sinon par le désir.

VIII

Elle est étendue près de lui, dès qu’il est à terre, l’un et l’autre reposant sur un coude et sur une hanche ; bientôt elle lui caresse la joue, et lui il rougit et commence à gronder ; mais vite elle lui ferme la bouche, et, tout en l’embrassant, lui dit dans la langue entrecoupée de la passion : « Si tu veux gronder, jamais tes lèvres ne s’ouvriront. »

IX

Il brûle d’une pudique honte ; elle avec ses larmes éteint le feu virginal de ses joues ; puis, avec le souffle de ses soupirs et avec l’éventail de ses cheveux d’or, elle tâche de les sécher. Il dit qu’elle est immodeste, et la blâme de ses torts ; ce qu’il va ajouter, elle l’engloutit dans un baiser.

X

De même qu’un aigle affamé, exaspéré par le jeûne, déchire avec son bec plumes, chair et os, secouant ses ailes, dévorant tout en hâte, jusqu’a ce que son gosier soit plein, ou sa proie détruite, de même elle lui baise le front, la joue, le menton, et recommence où elle a fini.

XI

Forcé d’acquiescer, mais non point d’obéir, il est couché pantelant, et effleure de son haleine la face de Vénus :