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LES PLAINTES D’UNE AMOUREUSE.

XXXI

» Là, étaient vantées la beauté et la dureté du diamant et l’action de ses qualités invisibles ; l’émeraude au vert profond dont la fraîcheur soulage la vue morbide des yeux affaiblis, le saphir couleur du ciel et l’opale où mille nuances sont mêlées, chaque pierre enfin devenait, dans une spirituelle devise, un sourire ou une larme.

XXXII

» Eh bien ! tous ces trophées d’affections ardentes, — gages de tant de désirs pensifs et suppliants, — la nature ne veut pas que je les accapare ; elle veut que je les dépose là où je dois m’humilier moi-même, devant vous, origine et but de mon pèlerinage, comme autant d’offrandes qui vous sont dues, puisque moi, leur autel, je vous ai pour patronne.

XXXIII

» Oh ! avancez donc votre main, cette main indescriptible dont la blancheur est impondérable à la balance aérienne de l’éloge. Prenez, pour en disposer à votre guise, ces dons symboliques qu’ont sanctifié les soupirs sortis de tant de seins brûlants ; tout ce qui dépend de moi, votre serviteur, vous obéit et se subordonne à vous ; et toutes ces affections éparses viennent se combiner dans votre total.

XXXIV

» Tenez ! cette devise m’a été envoyée par une nonne, une sainte sœur de la réputation la plus pure, qui s’est