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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/59

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SONNETS.

bien que moins splendide que les flambeaux d’or fixés dans le ciel éthéré.

Que ceux-là en disent plus qui se plaisent aux belles paroles ; moi, je ne veux pas tant vanter ce que je n’entends pas vendre.

XIV

Peux-tu dire, ô cruelle, que je ne t’aime pas, quand contre moi-même je prends ton parti ? Est-ce que je ne pense pas à toi quand je m’oublie tout entier pour toi, ô despote ?

Quel ennemi as-tu que j’appelle mon ami ? Quel est celui auquel tu montres un front sévère que je flatte ? Si tu me menaces d’un orage, ne fais-je pas tomber ce châtiment sur moi-même en larmes subites ?

Quel mérite estimé-je en moi, qui soit assez superbe pour dédaigner ton service, lorsque ce que j’ai de plus noble adore tes défauts même, obéissant à un mouvement de tes yeux ?

Mais non, hais-moi, amour ! je connais maintenant ton goût ; tu aimes ceux qui voient clair, et je suis aveugle.

XV

Ô toi, aveugle fou, Amour, que fais-tu à mes yeux, pour qu’ils regardent ainsi sans voir ce qu’ils voient ? Ils savent ce qu’est la beauté, ils voient où elle se trouve ;