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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/66

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SONNETS.

de l’amour échauffe l’eau, et que l’eau ne refroidit pas l’amour.

XXV

L’Amour est trop jeune pour savoir ce que c’est que le remords, et qui ne sait pourtant que le remords est né de l’amour ? Alors, gentille délatrice, ne me reproche pas ma faiblesse, de peur que tu ne sois toi-même reconnue coupable de mes fautes.

Car c’est parce que tu m’entraînes que j’entraîne la plus noble partie de moi-même aux trahisons de mon corps grossier ; mon âme dit à mon corps qu’il peut triompher en amour ; ma chair n’attend pas d’autre raison ;

Mais, se dressant à ton nom, elle te vise comme sa prise triomphante. Dans la fierté de cette ardeur, elle se contente d’être ton humble manœuvre, debout pour ton service, puis retombant à ton côté.

Ne me reproche donc pas un manque de conscience, si j’appelle ma bien-aimée celle pour qui je suis prêt ainsi à l’élévation comme à la chute.

XXVI

La satisfaction de la luxure, c’est l’épuisement de l’âme en prodigalité de honte : jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite, la luxure est parjure, meurtrière, sanguinaire, infâme, sauvage, extrême, brutale, cruelle, déloyale.

Aussitôt assouvie, aussitôt méprisée. Poursuivi hors de raison, à peine son désir est-il atteint qu’il est maudit