Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 8.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
304
COMME IL VOUS PLAIRA.

dra où vous tenterez la lutte, même au risque d’une chute… Mais trêve, de plaisanteries, et parlons sérieusement : est-il possible que subitement vous avez conçu une si forte inclination pour le plus jeune fils du vieux sire Roland ?

rosalinde.

Le duc mon père aimait son père profondément.

célia.

S’ensuit-il donc que vous deviez aimer son fils profondément ? D’après ce genre de logique, je devrais le haïr, car mon père haïssait son père profondément ; pourtant je ne hais pas Orlando.

rosalinde.

Non, de grâce, ne le haïssez pas, pour l’amour de moi.

célia.

Pourquoi le haïrais-je ? N’a-t-il pas de grands mérites ?

rosalinde.

Laissez-moi l’aimer par cette raison, et vous, aimez-le parce que je l’aime… Tenez, voici le duc qui vient.

célia.

La colère dans les yeux.


Entre le duc Frédéric avec sa suite.
frédéric, à Rosalinde.

— Donzelle, dépêchez-vous de pourvoir à votre sûreté en quittant notre cour.

rosalinde.

Moi, mon oncle ?

frédéric.

Vous, ma nièce !… — Si dans dix jours tu te trouves — à moins de vingt milles de notre cour, — tu es morte.

rosalinde.

Je supplie Votre Grâce — de me laisser emporter la connaissance de ma faute. — S’il est vrai que j’ai con-