suprême. Sachez — que j’ai fait une heureuse campagne et — que par une trouée sanglante j’ai mené vos troupes — aux portes mêmes de Rome. Le butin que nous avons rapporté — dépasse d’un tiers au moins — les frais de l’expédition. Nous avons fait une paix — non moins honorable pour les Antiates — qu’humiliante pour les Romains. Et nous vous remettons ici, — signé des consuls et des patriciens, — et portant le sceau du sénat, le traité — que nous avons conclu.
Ne le lisez pas, nobles seigneurs, — mais dites au traître qu’il a, au plus haut degré, — abusé de vos pouvoirs.
— Traître ! Comment ?
Oui, traître, Marcius.
Marcius !
— Oui, Marcius, Caïus Marcius ! Crois-tu — que je veuille te décorer de ton larcin, de ce nom — de Coriolan, volé par toi dans Corioles ! — Seigneurs et chefs de l’État, il a perfidement — trahi vos intérêts ; il a, — pour quelques gouttes d’eau amère, cédé votre ville de Rome, — je dis votre ville ! à sa mère et à sa femme, — rompant sa résolution et son serment, comme — un écheveau de soie pourrie, sans même consulter — un conseil de guerre ! Pour des pleurs de nourrice — il a, dans un vagissement, bavé votre victoire ! — En sorte que les pages rougissaient de lui, et que les hommes de cœur — se regardaient stupéfaits.
L’entends-tu, Mars ?