Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 9.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
269
SCÈNE IV.

liers ! — Vraiment, il est politique et prudent de lui laisser garder — cent chevaliers tout armés !… Oui, afin qu’à la première hallucination, — sur une boutade ou une fantaisie, à la moindre contrariété, au moindre déplaisir, — il puisse renforcer son imbécillité de leurs violences — et tenir nos existences à sa merci… Oswald, allons !

albany.

— Pourtant, vous pouvez exagérer la crainte.

goneril.

C’est plus sûr que d’exagérer la confiance. — Laissez, j’aime mieux prévenir les malheurs que je crains — que craindre toujours d’être prévenue par eux. Je connais sa pensée. — J’ai écrit à ma sœur ce qu’il a déclaré. — Si elle le supporte, lui et ses cent chevaliers, — quand je lui en ai montré les inconvénients… Eh bien, Oswald (34) ?


Entre l’intendant Oswald.
goneril, continuant.

— Avez-vous écrit cette lettre à ma sœur ?

oswald.

Oui, madame.

goneril.

— Prenez une escorte, et vite à cheval ! — Informez-la en détail de mes inquiétudes, — et ajoutez-y de vous-même tous les arguments — qui peuvent leur donner consistance. Partez vite, — et hâtez votre retour.

L’intendant sort.
À Albany.

Non, non, milord, — cette mielleuse indulgence qui règle votre conduite, — je ne la réprouve pas, mais pardonnez-moi cette franchise, — vous méritez plus de reproches par votre imprudence — que d’éloges par cette inoffensive douceur.