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LE ROI LEAR.

edgar.

Bonne prière, mon père !

glocester.

— Maintenant, mon bon monsieur, qui êtes-vous ?

edgar.

— Un fort pauvre homme, apprivoisé aux coups de la fortune, — que l’expérience encore douloureuse de ses propres chagrins — a rendu tendre à la pitié. Donnez-moi votre main, — je vais vous conduire à quelque gîte.

glocester.

Merci de tout cœur. — Que les faveurs et les bénédictions du ciel — pleuvent et pleuvent sur toi !


Entre Oswald.
oswald, désignant Glocester.

À moi ce proscrit !… Ô bonheur ! — Voilà une tête sans yeux faite tout exprès — pour fonder mon élévation… Misérable vieux traître, — fais vite tes réflexions.

Il dégaine.

L’épée est tirée — qui doit te détruire.

glocester.

Va ! que ton bras ami — lui donne la force nécessaire !

Edgar se jette devant Glocester.
oswald.

Comment, effronté paysan, — oses-tu soutenir un traître hors la loi ? Retire-toi, — de peur que la contagion de sa destinée — ne t’atteigne toi-même. Lâche son bras.

edgar, prenant l’accent d’un paysan.

Je n’le lâcherai pas, monsieu, sans queuque bonne raison.

oswald.

Lâche, maraud, ou tu es mort.

edgar.

Mon bon gentilhomme, allez votre chemin, et laissez