— Eh bien, milord, comment vous sentez-vous ?
— Il me semble que je n’ai jamais mangé d’aliments si savoureux ; — ils sont aussi agréables que la manne divine — qui tomba du ciel au milieu des Israélites ; — ils m’ont restitué toute mon énergie — et m’ont rendu aussi alerte que jamais. — Mais comment remercierai-je leur bonté ?
— En vérité, je ne sais comment les récompenser suffisamment, — mais le meilleur moyen que je puisse imaginer est celui-ci : — je vais leur offrir mon pourpoint pour rétribution ; — car nous n’avons pas autre chose à donner.
— Non, arrête, Perillus, C’est le mien qu’ils auront.
— Pardon, milord. Je jure que c’est le mien qu’ils auront.
— Ah ! qui croirait qu’une telle générosité se trouve — parmi des gens ignorants et étrangers au monde, — et qu’une telle haine fermente dans le sein — de ceux qui ont tant de raisons pour être excellents ?
— Oh ! bon vieux père, dis-moi ton chagrin. — J’y compatirai, si je ne puis y remédier.
— Ah ! chère enfant, chère fille ! je puis t’appeler ainsi, — car tu ressembles à une fille que j’avais.
— Est-ce que vous ne l’avez plus ? Quoi ! est-elle morte ?
— Non, à Dieu ne plaise ! mais je me la suis aliénée — par ma conduite dénaturée. — Ainsi j’ai perdu le titre de père, — et on peut presque dire que je lui suis étranger.
— Votre titre subsiste toujours : car c’est chose reconnue de tout