Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/107

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exeter.

— Un dédaigneux défi. La plus mince estime, le plus profond mépris — que puisse, sans déroger, manifester — un grand prince, voilà ses sentiments pour vous. — Ainsi parle mon roi ; et si Son Altesse, votre père, — ne s’empresse pas, en accédant pleinement à toutes nos demandes, — d’adoucir l’amère raillerie que vous avez adressée à Sa Majesté, — il vous en demandera raison, et si rudement — que les cavernes et les entrailles souterraines de la France — retentiront de votre insolence et vous renverront votre sarcasme — dans un ricochet d’artillerie.

le dauphin.

— Dites-lui que, si mon père lui fait une réponse favorable, — c’est contre ma volonté : car mon unique désir, — c’est d’engager une partie avec l’Anglais. C’est dans ce but — que, considérant sa jeunesse et sa futilité, — je lui ai envoyé ces balles de Paris.

exeter.

— En revanche, il fera trembler votre Louvre de Paris, — ce Louvre fût-il la première cour de la puissante Europe. — Et soyez sûrs que vous trouverez, — comme nous ses sujets, une différence surprenante — entre ce que promettait sa verte jeunesse — et ce qu’il est aujourd’hui. Maintenant il pèse le temps — jusqu’au dernier scrupule. Vous l’apprendrez — par vos propres désastres, pour peu qu’il reste en France.

le roi de france.

— Demain vous connaîtrez pleinement nos intentions.

exeter.

— Expédiez-nous en toute hâte, de peur que notre roi — ne vienne ici lui-même nous demander compte de ce délai ; — car il a déjà pris terre en ce pays.