Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/11

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INTRODUCTION.


Dans l’intervalle du mois de mars au mois de septembre 1599, il y avait sur la table de maître William Shakespeare un manuscrit surchargé de ratures et de renvois. Quelqu’un qui eût examiné de près le précieux cahier y eût remarqué un grand nombre d’additions et de corrections, toutes de la main de l’auteur, consignées soit en marge, soit sur des pages intercalées. Ici un mot rayé et remplacé par un autre ; là un membre de phrase ajouté à la phrase primitive ; plus loin tout un dialogue interverti et modifié ; plus loin encore une réplique prolongée de dix, vingt, trente et même quarante vers ; ailleurs une scène nouvelle prolongeant le texte original de cinq ou six feuillets. — À cette époque, en effet, Shakespeare était occupé à réviser une pièce historique récemment représentée par la troupe du Globe. Il soumettait Henry V à ce procédé rénovateur qu’il avait si victorieusement appliqué à la plus illustre de ses œuvres, Roméo et Juliette. Le drame était ainsi transfiguré par cette retouche infaillible, et l’auteur arrivait enfin au