Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/170

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williams.

Sous le bon plaisir de Votre Majesté, c’est le gage de quelqu’un avec qui je dois me battre, s’il est vivant.

le roi henry.

Un Anglais ?

williams.

Sous le bon plaisir de Votre Majesté, c’est un drôle qui s’est chamaillé avec moi la nuit dernière ; s’il est vivant, et qu’il ose réclamer ce gant, j’ai juré de lui appliquer un soufflet ; ou encore, si je vois mon gant à son chapeau (et il a juré, foi de soldat, de le porter, s’il vit), je le lui ferai sauter vigoureusement.

le roi henry.

Qu’en pensez-vous, capitaine Fluellen ? Est-il bon que ce soldat tienne son serment ?

fluellen.

En mon âme et conscience, n’en déplaise à Votre Majesté, c’est un lâche et un gueux, s’il ne le fait pas.

le roi henry.

Il se peut que son ennemi soit un gentilhomme de trop haut rang pour pouvoir rendre raison à un homme de sa sorte.

fluellen.

Fût-il aussi peu gentilhomme que le tiable, que Lucifer et que Belzébuth lui-même, il est nécessaire, je le dis à Votre Grâce, qu’il tienne sa parole et son serment. S’il est parjure, voyez-vous, il sera réputé le gueux le plus fieffé, le plus effronté Jacquot qui ait jamais posé sa semelle noire sur le sol, sur la terre de Tieu, en mon âme et conscience,  !

le roi henry.

Ainsi, l’ami, tiens ta parole, quand tu rencontreras ce gaillard-là.

williams.

Je le ferai, si je vis, mon suzerain.