se laisser baiser avant d’être mariées ; est-ce ça qu’elle veut dire ?
Ouy, vrayment.
Oh ! Kate, les plus méticuleux usages fléchissent devant les grands rois. Chère Kate, vous et moi, nous ne saurions être enfermés dans la lice chétive de la coutume d’un pays ; nous sommes les faiseurs de modes, Kate, et la liberté qui s’attache à notre rang ferme la bouche aux censeurs, comme je vais fermer la vôtre pour avoir soutenu, en me refusant un baiser, le prude usage de votre pays : ainsi patience et soumission !
Il l’embrasse.
Vous avez la sorcellerie à vos lèvres, Kate ; il y a plus d’éloquence dans leur suave contact que dans toutes les bouches du conseil de France ; et elles persuaderaient plus tôt Henry d’Angleterre qu’une pétition unanime de tous les monarques. Voici venir votre père.
Dieu garde Votre Majesté ! mon royal cousin, enseigniez-vous l’anglais à notre princesse ?
Je voulais, beau cousin, lui apprendre combien je l’aime, et c’est là le bon anglais.
Est-ce qu’elle n’a pas de dispositions ?
Notre langue est rude, petit cousin, et ma nature n’a rien de doucereux ; en sorte que, ne possédant ni l’accent ni l’instinct de la flatterie, je ne puis évoquer en