Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/269

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Entre sir John Falstaff.


falstaff.

— Mon gracieux souverain, comme je venais de Calais à franc étrier, — pour arriver vite à votre couronnement, — on m’a remis dans les mains une lettre, — écrite à Votre Grâce par le duc de Bourgogne.

talbot.

— Honte au duc de Bourgogne et à toi ! — Infâme chevalier, j’ai juré, la première fois que je te rencontrerais, — d’arracher la Jarretière de ta jambe poltronne…

Il lui arrache sa Jarretière.

— Et je le fais, parce que tu es indigne — d’être promu à cette haute qualité. — Pardonnez-moi, royal Henry, ainsi que vous tous. — Ce lâche, à la bataille de Patay, — quand je n’avais en tout que six mille hommes, — et que les Français étaient près de dix contre un, — avant le premier choc, avant qu’un coup eût été donné, — s’est enfui comme un peureux écuyer ; — dans ce combat nous avons perdu douze cents hommes ; — moi-même et plusieurs autres gentilshommes, — nous avons été surpris et faits prisonniers. — Jugez donc, nobles lords, si j’ai mal agi, — ou si de tels couards doivent porter, — oui ou non, cet insigne de chevalerie.

glocester.

— À dire vrai, cet acte était infâme, — il eût déshonoré un homme du commun, — à plus forte raison un chevalier, un capitaine, un chef.

talbot.

— Quand cet ordre fut institué tout d’abord, milords, — les chevaliers de la Jarretière étaient de noble naissance, — vaillants et vertueux, pleins d’un haut courage, — de ces hommes ayant gagné leur crédit à la guerre, — ne craignant pas la mort, inflexibles à la détresse, — mais