Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reine Isabelle. En reproduisant toutes ces erreurs, Shakespeare n’a péché que par excès de scrupule : il a religieusement répété ce qu’il croyait être la vérité historique, bien éloigné de penser que ce n’était pas la vérité vraie.

(7) Les quatre répliques qui précèdent ont été intercalées par la révision dans le texte primitif.

(8) J’ai déjà mentionné, à propos de la création de Falstaff, une ancienne pièce historique qui fut représentée vers 1580 sous ce titre : Les fameuses victoires de Henry V. Cette pièce mettait en scène la vie du vainqueur d’Azincourt, depuis son aventureuse adolescence jusqu’à son mariage avec la princesse Catherine de Valois, — condensant ainsi en un seul ouvrage toute l’action que Shakespeare a depuis développée en trois drames-chroniques. Il est curieux de comparer l’œuvre du maître avec l’opuscule de son devancier anonyme. Voici quelle est, dans Les fameuses victoires, la scène parallèle à celle que nous venons de lire. — Immédiatement après avoir exilé les compagnons de sa jeunesse, Oldcastle, Ned et Tom, le roi se tourne vers l’archevêque de Cantorbéry :

henry v.

— Eh bien, mon bon lord archevêque de Cantorbéry, — que dites-vous de notre ambassade en France ?

l’archevêque.

— Votre droit à la couronne de France — vous est venu par votre arrière grand’mère Isabelle, — femme du roi Édouard III et sœur de Charles, roi de France. — Maintenant, si le roi de France le conteste, comme c’est probable, — il vous faudra mettre l’épée à la main — et conquérir votre droit. — Que le Français sache — que, si vos prédécesseurs ont toléré leur usurpation, vous ne la tolérerez pas ; — car vos compatriotes sont prêts à vous fournir — de l’argent et des hommes. — En outre, mon bon seigneur, comme il a été reconnu que l’Écosse a toujours été liguée avec la France — par une sorte de pension qu’elle reçoit de celle-ci, — je crois qu’il faudrait d’abord conquérir l’Écosse, — et ensuite vous pourriez, je pense, envahir plus facilement la France. — Et voilà tout ce que j’ai à dire, mon bon seigneur.

henry v.

— Je vous remercie, mon bon lord archevêque de Cantorbéry ; — que dites-vous, mon bon lord d’Oxford ?

oxford.

— N’en déplaise à Votre Majesté, — je suis de l’avis de milord archevêque, sauf en ceci :

Qui voudra vaincre l’Écossais,
Doit d’abord vaincre la France.