Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/73

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ély.

— Ce serait une large rasade.

cantorbéry.

Elle viderait entièrement la coupe.

ély.

— Mais comment l’empêcher ?

cantorbéry.

Le roi est plein de piété et de nobles égards.

ély.

— Et ami sincère de la sainte Église.

cantorbéry.

— Ce n’est pas ce que promettaient les errements de sa jeunesse. — Le dernier souffle avait à peine quitté le corps de son père — que son extravagance, en lui mortifiée, — sembla expirer aussi. Oui, à ce moment même, — la raison apparut comme un ange, — et chassa de lui le coupable Adam, — faisant de sa personne un paradis — destiné à envelopper et à contenir de célestes esprits ! — Jamais sage ne fut si soudainement créé ; — jamais la réforme versée à flots — ne balaya tant de fautes dans un courant si impétueux ; — non, jamais l’endurcissement aux têtes d’hydre — ne perdit plus vite et plus absolument son trône — que chez ce roi.

ély.

C’est une bénédiction pour nous que ce changement.

cantorbéry.

— Écoutez-le raisonner théologie, — et, pleins d’admiration, vous souhaiterez — intérieurement que le roi fût prélat. — Écoutez-le discuter les affaires publiques, — vous diriez qu’elles ont été son unique étude. — Qu’il cause de guerre devant vous, et vous entendrez — une effroyable bataille rendue en musique. — Mettez-le sur n’importe quelle question politique, — il en dénouera le nœud gordien — aussi familièrement que sa jarretière.