Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/77

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celui dont l’iniquité aiguise les épées — qui exterminent ainsi l’éphémère humanité. — Après cette adjuration faite, parlez, milord : — et nous allons vous écouter attentivement, convaincu — que votre parole, trempée dans votre conscience, — est purifiée comme la faute par le baptême (5) !

cantorbéry.

— Donc écoutez-moi, gracieux souverain, et vous, pairs, — qui vous devez, qui devez votre vie et vos services — à ce trône impérial. Il n’y a pas d’autre objection — aux droits de Votre Altesse sur la France — que cette maxime qu’on fait remonter à Pharamond : — In terram Salicam mulieres ne succedant, — nulle femme ne succédera en terre salique. — Les Français prétendent injustement que cette terre salique — est le royaume de France, et que Pharamond — est le fondateur de cette loi qui exclut les femmes. — Pourtant leurs propres auteurs affirment en toute bonne foi — que la terre salique est en Allemagne, — entre la Sahl et l’Elbe. — Là Charlemagne, ayant soumis les Saxons, — laissa derrière lui une colonie de Français, — qui, ayant pris en dédain les femmes allemandes, — pour certains traits honteux de leurs mœurs, — établirent cette loi que nulle femme — ne serait héritière en terre salique ; — laquelle terre salique, située, comme je l’ai dit, entre l’Elbe et la Sahl, — s’appelle aujourd’hui en Allemagne Meisen. Il est donc bien clair que la loi salique — n’a pas été établie pour le royaume de France. — Les Français n’ont possédé la terre salique — que quatre cent vingt et un ans — après le décès du roi Pharamond, — regardé à tort comme le fondateur de cette loi. — Celui-ci mourut l’an de notre rédemption — quatre cent vingt-six ; et Charlemagne — soumit les Saxons et établit les Français — au delà de la Sahl, en l’an — huit cent cinq. En outre, leurs auteurs disent — que le roi Pépin, qui déposa Childéric, — se pré-