Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/99

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couverte d’une formidable trahison — que je ne le suis moi-même, à cette heure, — d’avoir été prévenu dans une damnable entreprise. — Pardonnez, non à ma personne, sire, mais à ma faute !

le roi.

— Que Dieu vous absolve en sa merci ! Écoutez votre sentence. — Vous avez conspiré contre notre royale personne ; — vous vous êtes ligués avec un ennemi déclaré ; et avec l’or de ses coffres ; — vous avez reçu les arrhes de notre mort. — Ainsi vous avez voulu vendre votre roi à l’assassinat, — ses princes et ses pairs à la servitude, — ses sujets à l’oppression et au mépris, — et tout son royaume à la désolation. — Pour nous personnellement nous ne cherchons pas de vengeance ; — mais nous devons veiller au salut de notre royaume, — dont vous avez cherché la ruine, et nous vous livrons — à ses lois. Allez-vous-en donc, — pauvres misérables, allez à la mort. — Que Dieu dans sa merci vous inspire — le courage de la bien subir, ainsi que — le repentir sincère — de tous vos énormes forfaits ! Qu’on les emmène (17).

Les conspirateurs sortent escortés par des gardes.

— Maintenant, milords, en France ! Cette entreprise — sera glorieuse pour vous, comme pour nous. — Nous ne doutons pas d’une campagne facile et heureuse. — Puisque Dieu a si gracieusement mis en lumière — cette dangereuse trahison qui rôdait sur notre route — pour arrêter nos premiers pas, nous ne doutons point désormais — que tous les obstacles ne s’aplanissent devant nous. — En avant donc, chers compatriotes ! Confions — nos forces à la main de Dieu, — et mettons-les immédiatement en mouvement. — En mer, et allègrement ! Hissez les étendards de guerre. — Que je ne sois plus roi d’Angleterre si je ne suis roi de France !

Ils sortent.