cis et joies abondent, comme les saisons s’écoulent. — Quelle heure est-il, messieurs ?
Dix heures, milord.
— C’est l’heure qui m’a été indiquée — pour attendre au passage ma duchesse condamnée. — Elle ne pourra guère endurer les cailloux des rues — qu’elle doit fouler de ses pieds délicats. — Chère Nell, ta fière âme doit avoir peine à supporter — ce peuple abject qui aujourd’hui te regarde en face — en riant avec des airs haineux de ton humiliation, — lui qui suivait les roues de ton chariot superbe, — alors que tu traversais les rues en triomphe. — Mais doucement ! je crois qu’elle arrive, il faut que je prépare — mes yeux ternis par les larmes à voir ses misères.
— S’il plaît à Votre Grâce, nous l’enlèverons au shérif.
— Non, ne bougez pas ; sur votre vie, laissez-la passer.
— Venez-vous, milord, pour voir mon humiliation publique ?… — Maintenant, tu fais pénitence, toi aussi. Vois comme ils te regardent ! — Vois comme la multitude vertigineuse te montre au doigt, — comme toutes ces têtes agitées jettent les yeux sur toi. — Ah ! Glocester, dérobe-toi à leurs regards haineux, — et enferme-toi dans ton cabinet pour pleurer sur ma honte — et maudire tes ennemis, mes ennemis et les tiens.
— Patience, gentille Nell ; oublie cette misère.