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SCÈNE IX.

que ses jambes soient assez fermes pour le porter. — Ainsi voilà le berger chassé loin de toi, — tandis que les loups hurlent à qui te dévorera le premier. — Ah ! puissent mes craintes être vaines ! Ah ! puissent-elles l’être ! — car, bon roi Henry, c’est ta chute que je crains.

Glocester sort, emmené par des gardes (17).
le roi henry.

— Milords, agissez comme vous le trouverez bon dans vos sagesses : — faites et défaites, comme si nous étions ici en personne.

la reine marguerite.

— Quoi ! Votre Altesse veut quitter le Parlement !

le roi henry.

— Oui, Marguerite ; la douleur inonde mon cœur, — et ses flots commencent à déborder dans mes yeux. — Ma vie est de toutes parts enveloppée par la misère ; — car quoi de plus misérable que le mécontentement ? — Ah ! mon oncle Homphroy ! je vois sur ta face — la mappemonde de l’honneur, de la franchise et de la loyauté : — et jusqu’à cette heure, bon Homphroy, il ne m’est jamais arrivé — de te trouver perfide ou de douter de ta fidélité. — Quelle est donc l’étoile hostile qui s’acharne contre ta fortune, — pour que ces puissants lords et Marguerite, notre reine, — cherchent ainsi la ruine de ton innocente existence ? — Tu ne leur as jamais fait de mal ; tu n’as fait de mal à personne. — Et de même que le boucher emmène le veau, — et lie le malheureux, et le bat quand il s’écarte — du chemin de l’abattoir sanglant, — de même ces implacables t’ont enlevé d’ici ; — et, de même que la mère erre en mugissant — du côté où s’en est allé son petit innocent, — ne pouvant rien que pleurer la perte de ce chéri, — de même je déplore l’infortune du bon Glocester — avec des larmes impuissantes, et je le cherche — avec des yeux troubles, sans rien