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HENRY VIII.

que ses idées ne soient bien sublunaires et qu’elles ne soient pas dignes — de sa sérieuse réflexion.

Il s’assied sur son trône et parle bas à Lovell, qui va à Wolsey.
wolsey.

Dieu me pardonne ! — que Dieu bénisse à jamais Votre Altesse !

le roi henry.

Mon bon lord, — vous êtes plein de choses célestes, et vous gardez dans votre âme — l’inventaire de vos plus beaux trésors. Sans doute — vous le récapituliez en ce moment ? à peine pouvez-vous — dérober à vos spirituels loisirs quelque court moment — pour tenir vos comptes terrestres. Certes, en cela — je vous trouve mauvais économe, et je suis charmé — que vous me ressembliez sur ce point.

wolsey.

Sire, — j’ai un temps pour des devoirs sacrés, un temps — pour m’occuper de la part d’affaires qui — m’est attribuée dans l’État ; et la nature réclame — ses moments de satisfaction, si bien que — moi, son enfant, fragile entre tous mes frères mortels, — je suis forcé de lui céder.

le roi henry.

Vous avez bien parlé.

wolsey.

— Puissé-je toujours donner motif à Votre Altesse — d’associer dans sa pensée mon bien faire — avec mon bien dire !

le roi henry.

C’est encore bien dit : — et c’est une sorte de bonne action que de bien dire ; — et pourtant les paroles ne sont pas des actions. Mon père vous aimait, — il le disait, et pour vous il couronnait — la parole de l’action. Depuis que j’ai mon office, — je vous ai tenu tout près de mon cœur ; non-seulement je — vous ai donné des emplois qui pouvaient vous