Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 13.djvu/445

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
441
NOTES.

sumer petit à petit, à l’effet d’épuiser et de détruire la personne du roi et de le mettre à mort. Pour laquelle trahison, ces personnes furent condamnées à mourir ; et conséquemment Margery Jourdain fut brûlée à Smithfield ; et Roger Bolingbroke fut traîné sur la claie et écartelé à Tyburn, lequel Roger affirma, au moment de mourir, que jamais pareil crime n’avait été imaginé par eux. John Hum obtint son pardon, et Southwell mourut à la Tour avant l’exécution. Le duc de Glocester prit toutes ces choses patiemment, et parla peu. » — Chronique de Hall.

(11) Tout cet incident est fondé sur une anecdote racontée dans les Mémoires de Thomas Morus :

« Je me rappelle avoir entendu mon père parler d’un mendiant qui, au temps du roi Henry sixième, vint avec sa femme à Saint-Albans. Et là, ce mendiant erra par la ville en demandant l’aumône, cinq ou six jours avant l’arrivée du roi, — disant qu’il était né aveugle, et qu’il n’avait jamais vu de sa vie, et qu’il avait reçu en songe l’avertissement de quitter Berwick, où il avait toujours demeuré, pour aller chercher saint Albans, et qu’il avait été à la châsse du saint, et qu’il n’avait pas été soulagé. Et conséquemment il avait résolu de l’invoquer en quelque autre lieu, car il avait ouï dire par quelques-uns que le corps de saint Albans était à Cologne, comme en effet on l’a prétendu. Mais je sais par des informations certaines qu’il est à Saint-Albans, où l’on montre une partie de ses reliques. Pour continuer l’histoire, quand le roi fut arrivé et que la ville fut pleine de monde, soudain cet aveugle recouvra la vue à la châsse de saint Albans, et, en l’honneur du miracle, les cloches sonnèrent solennellement, et le Te Deum fut chanté ; si bien qu’on ne parlait dans toute la ville que de ce miracle.

» Sur ce, il arriva que le duc Homphroy de Glocester, homme grandement sage et fort savant, ayant grande joie de voir un tel miracle, fit appeler le pauvre homme. Et, s’étant tout d’abord réjoui de voir la gloire de Dieu ainsi manifestée par la cure de l’aveugle, il l’exhorta à l’humilité, l’invitant à ne s’attribuer ici aucun mérite et à ne pas s’enorgueillir des louanges du peuple, qui l’appellerait désormais un bon et saint homme. Enfin il examina bien ses yeux, et lui demanda si jamais de sa vie il n’avait rien vu auparavant. Le mendiant et sa femme lui ayant affirmé faussement que non, il examina de nouveau ses yeux avec attention, et dit : « Je vous crois volontiers, car il me semble que vous n’y voyez pas encore bien. — Si fait, monsieur, dit l’autre, grâce à Dieu et à son saint martyr, j’y vois maintenant aussi