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LES JOYEUSES ÉPOUSES DE WINDSOR.

mon égard, elle exagère ailleurs la joyeuseté jusqu’à faire naître sur son compte des bruits fâcheux. Maintenant, sir John, nous voici au cœur de ma pensée. Vous êtes un gentilhomme de parfaite qualité, d’une admirable élocution, du meilleur monde, faisant autorité par votre rang et votre personne, généralement vanté pour votre haute expérience d’homme de guerre, d’homme de cour et de savant.

falstaff.

Oh ! monsieur !

gué.

Vous pouvez m’en croire, car vous le savez vous-même… Voilà de l’argent, dépensez-le, dépensez-le ; dépensez tout ce que j’ai ; seulement en retour accordez-moi sur vos moments le temps nécessaire pour faire le siége amiable de la vertu de mistress Gué ; usez de toute votre science de galant ; amenez-la à vous céder ; si on le peut, vous le pouvez aussi aisément qu’un autre.

falstaff.

Conviendrait-il à la véhémence de votre affection que je fisse la conquête de celle que vous voulez posséder ? Je trouve votre prescription bien bizarre pour vous-même.

gué.

Oh ! comprenez bien mon intention ! Elle s’appuie avec une telle assurance sur l’excellence de sa vertu, que la folie de mon âme n’ose s’exposer à elle ; elle est trop éblouissante pour pouvoir être affrontée. Maintenant, si je pouvais me présenter à elle avec quelque preuve à la main, mes désirs auraient un précédent, un argument à invoquer en leur faveur. Je pourrais la déloger de cette forteresse de pureté, de réputation, de fidélité conjugale et de ces mille autres retranchements qui m’opposent