Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 14.djvu/281

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SCÈNE I.
[Dans le palais ducal.]
Entrent le Duc, Curio, des seigneurs ; un orchestre joue.
le duc.

— Si la musique est l’aliment de l’amour, jouez toujours, — donnez-m’en à l’excès, que ma passion — saturée en soit malade et expire. — Cette mesure encore une fois ! elle avait une cadence mourante : — oh ! elle a effleuré mon oreille comme le suave zéphyr — qui souffle sur un banc de violettes, — dérobant et apportant un parfum… Assez ! pas davantage ! — Ce n’est plus aussi suave que tout à l’heure. — Ô esprit d’amour ! que tu es sensible et mobile ! — Quoique ta capacité — soit énorme comme la mer, elle n’admet rien — de si exquis et de si rare — qui ne soit dégradé et déprécié — au bout d’une minute, tant est pleine de caprices la passion, — cette fantaisie suprême !

curio.

— Voulez-vous venir chasser, monseigneur ?

le duc.

Quoi, Curio ?

curio.

Le cerf.

le duc.

— Eh ! c’est le plus noble élan qui m’entraîne en ce moment. — Oh ! quand mes yeux virent Olivia pour la première fois, — il me semblait qu’elle purifiait l’air