— Avec adoration, avec des larmes fécondes, — avec des sanglots qui fulminent l’amour, avec des soupirs de feu.
— Votre maître connaît ma pensée ; je ne puis l’aimer. — Pourtant je le suppose vertueux, je le sais noble, — de grande maison, d’une jeunesse fraîche et sans tache, — bien famé, généreux, instruit, vaillant, — et, par la tournure et les dehors, — une gracieuse personne ; néanmoins je ne puis l’aimer ; — il y a longtemps qu’il devrait se le tenir pour dit.
— Si je vous aimais avec la flamme de mon maître, — avec de telles souffrances, une vie si meurtrière, — je ne trouverais pas de sens à votre refus, — je ne le comprendrais pas.
Eh ! que feriez-vous ?
— Je me bâtirais à votre porte une hutte de saule, — et je redemanderais mon âme à votre maison ; — j’écrirais de loyales cantilènes sur mon amour dédaigné, — et je les chanterais bien haut dans l’ombre de la nuit ; — je crierais votre nom aux échos des collines, — et je forcerais la commère babillarde des airs — à vociférer : Olivia ! Oh ! vous n’auriez pas de repos — entre ces deux éléments, l’air et la terre, — que vous n’eussiez eu pitié de moi.
— Vous pourriez beaucoup. Quelle est votre naissance ?
— Supérieure à ma fortune, et pourtant me fortune est suffisante ; — je suis gentilhomme.
Retournez près de votre maître ; — je ne puis l’aimer ;