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SCÈNE IX.

de madame Olivia ; il est quelque part dans le palais.

le duc.

— Allez le chercher, et qu’on joue l’air en attendant.

Sort Curio. — Musique.
À Viola.

— Approche, page ; si jamais tu aimes, — dans les douces angoisses, souviens-toi de moi : — car tous les vrais amoureux sont tels que je suis, — mobiles et capricieux en tout, — hormis dans l’idée fixe de la créature — aimée. Que te semble de cet air ?

viola.

— Il trouve un écho dans les profondeurs mêmes — où trône l’amour.

le duc.

Tu en parles magistralement ; — je jurerais, sur ma vie, que, jeune comme tu l’es, ton regard — s’est déjà fixé avec complaisance sur quelque gracieux être ; — n’est-ce pas, page ?

viola.

Un peu, n’en déplaise à Votre Grâce.

le duc.

— Quel genre de femme est-ce ?

viola.

De votre complexion.

le duc.

— Elle n’est pas digne de toi, alors. Quel âge, en vérité ?

viola.

— À peu près votre âge, mon seigneur.

le duc.

— C’est trop vieux, par le ciel. Que la femme prenne toujours — un peu plus âgé qu’elle ; elle n’en sera que mieux assortie, — et que mieux en équilibre dans le cœur de son mari. — Car, page, nous avons beau nous