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SCÈNE X.

ques, je romprai en visière à sir Tobie ; je me décrasserai de toute accointance roturière ; je serai tiré à quatre épingles, l’homme accompli. Je ne m’abuse pas, je ne me laisse pas berner par l’imagination ; car toutes les raisons me portent à croire que madame m’aime. Elle a vanté mes bas jaunes tout récemment, elle m’a loué d’avoir des jarretières croisées ; et en ceci elle se révèle à mon amour, et, par une sorte d’injonction, m’invite à porter cet accoutrement de son goût. Je remercie mon étoile, je suis heureux ; je vais être étrange, hautain, porter des bas jaunes et me jarreter en croix, tout cela en un clin d’œil ! Que Jéhovah et mon étoile soient loués ! Voici encore un post-scriptum.

Il lit.

Il est impossible que tu ne reconnaisses pas qui je suis. Si tu réponds à mon amour, fais-le paraître à ton sourire ; ton sourire te va si bien ! Ainsi, en ma présence, souris toujours, mon doux bien-aimé, je t’en prie.

Ciel, je te remercie. Je sourirai, je ferai tout ce que tu voudras.

Il sort.
fabien.

Je ne donnerais pas ma part de cette farce pour une pension de mille livres sur la cassette du sophi.

sir tobie.

Moi, j’épouserais cette fille rien que pour ce tour-là.

sir andré.

Et moi aussi.

sir tobie.

Et je ne lui demanderais pas d’autre dot qu’une autre bouffonnerie pareille.

sir andré.

Moi non plus.