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APPENDICE.

lendemain, entre trois et six heures, il alla à la maison, et, frappant à la porte, demanda à parler à la maîtresse du logis. Celle-ci, reconnaissant à la description de la chambrière qui était le nouveau-venu, commanda de le faire entrer, et le reçut avec toute courtoisie. Le jeune homme commença son exorde en rougissant, mais enfin s’enhardit assez pour raconter à la dame comment il s’était épris d’elle, et pour la prier d’accepter ses services. La dame était un peu timide ; mais avant qu’on se séparât, il fut convenu que, le lendemain, Lionel reviendrait pour manger une livre de cerises : résolution qui fut prise avec un succado des labras.

Lionel, aussi joyeux qu’un homme peut l’être, courut à l’église rejoindre son vieux docteur, qu’il trouva faisant sa promenade habituelle.

— Quelles nouvelles, monsieur ? dit Mutio. Avez-vous réussi ?

— Aussi bien que je pouvais le désirer, fit Lionel, car j’ai vu ma maîtresse, et l’ai trouvée si traitable que j’espère allonger d’une paire d’andouillers le front de son vieux rustre de mari.

Le docteur demanda quand viendrait le moment.

— Morbleu, répliqua Lionel, demain à quatre heures de l’après-midi ; c’est alors, maître docteur, que j’armerai ce vieil écuyer chevalier de l’ordre fourchu.

Ils causèrent ainsi jusqu’à ce qu’il se fît tard ; et alors Lionel retourna à son logement, et Mutio à sa maison, couvrant tous ses chagrins d’une contenance joyeuse, et bien résolu à se venger pleinement, le lendemain, des deux coupables. Le docteur passa la nuit aussi patiemment qu’il put, et, le jour suivant, après dîner, il partit, guettant le moment convenu. À quatre heures précises Lionel arriva et fut accueilli avec toute courtoisie par Margaretta ; mais à peine s’étaient-ils embrassés que la servante cria