et de lui demander la rémission de ma folie passée. Eh! Lucetta! (Lucetta rentre.)
LUCETTA. — Que désire Madame ?
JULIA. — Est-il bientôt l'heure du dîner ?
LUCETTA. — Je voudrais qu'elle fût déjà venue; au moins vous pourriez faire passer votre colère sur les plats et non plus sur votre suivante.
JULIA. — Qu'est-ce donc que vous ramassez là si délicatement ?
LUCETTA. — Rien.
JULIA. — Pourquoi vous êtes-vous baissée alors ?
LUCETTA. — Pour ramasser un papier que j'avais laissé tomber.
JULIA. — Et ce papier n'est rien ?
LUCETTA. — Rien qui me concerne.
JULIA. — Alors, laissez-le chercher à ceux qu'il concerne.
LUCETTA. — Madame, il ne laissera rien à chercher à ceux qu'il concerne, à moins qu'il n'ait un faux interprète.
JULIA. — Quelqu'un de vos amoureux vous a écrit une lettre en vers?
LUCETTA. — Pour que je puisse les chanter en mesure, donnez-moi la note, Madame; Votre Grâce s'entend à choisir le ton.
JULIA. — Aussi mal que possible pour de semblables bagatelles. L'air qui leur convient le mieux est celui de Léger d'amour.
LUCETTA. — Ils ont trop de poids pour un air si léger.
JULIA. — Trop de poids ? Alors ils sont chargés de quelque refrain ?
LUCETTA. — Oui, et d'un refrain qui serait mélodieux si vous le chantiez.
JULIA. — Et pourquoi ne le chantez-vous pas vous-même ?
LUCETTA. — Je ne peux pas monter si haut.