Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 1.djvu/132

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ferait bien de l'envoyer; là, il pratiquerait les joutes et les tournois, entendrait de beaux discours, converserait avec des gentilshommes et serait à portée de tous les exercices qui conviennent à sa jeunesse et à sa noble naissance.

ANTONIO. — Je goûte ton opinion; tu m'as fort bien conseillé, et la mise à exécution de tes avis te fera voir combien ils m'agréent. Je vais sans le moindre retard le dépêcher à la cour de l'empereur.

PANTHINO. — Demain, si cela vous convient, car don Alphonso et d'autres gentilshommes de renom doivent partir pour aller saluer l'empereur et mettre leurs services à sa disposition.

ANTONIO. — Très-bonne compagnie ; Protée partira avec eux, et - mais justement le voilà fort à propos. Nous allons lui annoncer cette résolution.

Entre PROTÉE.

PROTÉE. — Doux amours! douces lignes! douce vie! Voici la marque de sa main, agent de son cœur; voici son serment d'amour, gage de son honneur. Oh! si nos pères voulaient approuver notre amour et sceller notre bonheur de leur consentement! O céleste Julia!

ANTONIO. — Qu'est-ce donc ? Quelle est cette lettre que vous lisez?

PROTÉE. —Plaise à Votre Seigneurie, c'est un mot ou deux de souvenir que m'envoie Valentin, et qu'il m'a fait parvenir par un ami qui vient de le quitter.

ANTONIO. — Passez-moi cette lettre, que je voie les nouvelles qu'elle contient.

PROTÉE. — Elle ne contient aucune nouvelle, seigneur; Valentin m'écrit simplement pour me dire combien il vit heureux, combien adoré, et journellement honoré par l'empereur de marques de faveur, et pour m'exprimer le désir de me voir auprès de lui, associé à sa fortune.

ANTONIO. — Et dans quelles dispositions ce souhait vous laisse-t-il ?

PROTÉE. — Mais dans les dispositions de quelqu'un qui