à peu près comme un nez sur un visage ou une girouette sur un clocher. Mon maître la sollicite et c'est elle qui enseigne à son solliciteur, qui est son protégé, à devenir son protecteur. Oh! l'excellent artifice! En a-t-on jamais connu de plus fort ! Mon maître pris pour secrétaire, et qui s'écrit à lui-même.
VALENTIN. — Eh bien, Monsieur, sur quoi donc êtes-vous là à raisonner avec vous-même ?
SPEED. — Ne vous en déplaise, je cherchais des rimes, c'est vous qui avez la raison.
VALENTIN. — La raison! Pour faire quoi?
SPEED. — Pour être l'orateur de Madame Silvia.
VALENTIN. — Auprès de qui ?
SPEED. — Auprès de vous-même. Parbleu, elle vous fait la cour par métaphore.
VALENTIN. — Quelle métaphore ?
SPEED. —Par une lettre, devrais-je dire.
VALENTIN. — Comment donc cela ? elle ne m'a pas écrit.
SPEED. — Quel besoin en a-t-elle, puisqu'elle vous a fait écrire à vous-même ? Comment, vous n'apercevez pas la ruse ?
VALENTIN. — Non, ne le crois pas.
SPEED. — En effet, je ne vous crois pas, Monsieur. Mais n'avez-vous pas aperçu l'aveu qu'elle vous a adressé ?
VALENTIN. — Elle ne m'a rien adressé, si ce n'est une parole de mauvaise humeur.
SPEED. — Comment donc ! elle vous a donné une lettre.
VALENTIN. — C'est la lettre que j'ai écrite pour son ami.
SPEED. — Et cette lettre, elle l'a remise à son adresse, voilà tout.
VALENTIN. — Je voudrais bien qu'il n'y eût rien de pire.
SPEED. — Je vous garantis que les choses sont en aussi bon état que je le dis. « Car souvent vous lui avez écrit, et elle, par modestie ou bien encore faute de loisir, n'a pas pu vous répondre ; peut-être aussi, craignant que quelque messager ne découvrit ses sentiments, elle a enseigné