Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 1.djvu/145

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bonne santé. Que diriez-vous d'une lettre venant de vos amis et vous portant force bonnes nouvelles ?

VALENTIN. — Monseigneur, je serai reconnaissant envers tout messager porteur de bonnes nouvelles de Vérone.

LE DUC. — Connaissez-vous don Antonio, votre compatriote?

VALENTIN. — Oui, Monseigneur-; je le connais pour être un gentilhomme honorable, fort estimé, et qui n'est pas inégal à sa bonne réputation.

LE DUC. — N'a-t-il pas un fils?

VALENTIN. — Oui, mon bon Seigneur, un fils sur qui peuvent justement se porter l'honneur et la considération d'un tel père.

LE DUC. — Vous le connaissez bien ?

VALENTIN. — Je le connais comme moi-même; car nous sommes liés depuis notre enfance et nous avons passé toutes nos heures ensemble. Moi, je n'étais qu'un profond paresseux, laissant perdre avec les précieux bienfaits du temps l'occasion de revêtir ma jeunesse d'une perfection divine ; mais le seigneur Protée — car tel est son nom — a su faire bon usage de son temps et en tirer noblement profit. Il est jeune d'années, mais vieux d'expérience; son visage est sans rides, mais son jugement est mûr; et en un mot — car toutes les louanges que je lui donne restent en arrière de son mérite — accompli au physique comme au moral, il est doué de tous les agréments qui décorent un gentilhomme.

LE DUC. — Malepeste, Monsieur ! s'il répond au bien que vous en dites, il n'est pas moins digne d'être l'amant d'une impératrice que propre à être le conseiller d'un empereur. Eh bien, Monsieur, ce gentilhomme vient de m'arriver avec des recommandations de personnes puissantes; il a l'intention de passer quelque temps ici. Je pense que ces nouvelles ne vous contrarient pas.

VALENTIN. - Si j'avais pu souhaiter quelqu'un, c'eût été lui.

LE DUC. — Faites-lui donc l'accueil qui convient à son mérite. C'est à vous que je parle, Silvia, et à vous, Messire