Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 1.djvu/484

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l’intarissable source de surprises si charmantes et de si doux ravissements !

D’autre part, les grands enseignements de la vie humaine ne sont pas moins dignes de captiver notre attention. L’histoire surprend notre âme par ses vicissitudes, l’élève et l’enthousiasme par l’exemple de ses héroïsmes, en même temps que cette âme elle-même nous attire et nous étonne par ses instincts étranges, par ses facultés parfois si extraordinaires, par ses passions si généreuses ou si terribles.

Qu’il serait à plaindre celui qui, au milieu de tant de merveilles, se sentirait froid et impuissant à admirer !

L’admiration pour tout ce qui a une véritable grandeur est la plus noble de nos facultés et aussi la plus heureuse, car c’est celle qui a le plus de sujets de se satisfaire, sans mélange d’amertume, d’envie, ou d’aucun des sentiments qui abaissent ou altèrent la dignité de notre nature.

Il n’y a que deux sortes d’états de l’âme où l’on puisse concevoir qu’il ne se trouve point de place pour l’admiration : une ignorance extrême comparable à celle des êtres inférieurs à l’homme, qui, quelle que soit l’intelligence qu’on veuille leur donner, très-probablement n’admirent guère ; ou l’orgueil d’un esprit aride, qui se condamne volontairement à l’indifférence, à l’impassibilité, imaginant