Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/46

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ACTE II, SCÈNE "IV. 39

tu me peux t’en douter, quand bien même dans ta jeunessse tu aurais été l’amant le plus sérieusement épris qui., ait" jamais soupiré sur son oreiller, à minuit : mais si tton amour a jamais ressemblé au mien, — et je suis sûr que jamais homme n’a autant aimé que moi, — dis-moii à combien d’actions du dernier ridicule tu as été entrraîné par ta passion ?

(CORIN. — A mille que j’ai oubliées.

SiiLvros. — Oh bien alors, tu n’as pas aimé d’un cœur aussi profond que moi ! Si tu ne peux te rappeler la plus légèke des folies où l’amour t’a fait tomber, tu n’as pas aimié : si tu n’es pas resté, comme je le fais maintenant, à fatiguer "ton auditeur des louanges de ta maîtresse, tu n’ass pas aimé : si tu n’as jamais quitté brusquement tes comipagnons, comme ma passion me pousse à le faire en ce-.miom.ent, tu n’as pas aimé 3. 0 Phoebé ! Phoebé ! Phoebé !

(Il sort.)

RiosAiiNDE. — Hélas ! pauvre berger ! pendant que tu grattais ta blessure, j’ai par mauvaise aventure senti la miemne me piquer.

E)rERBE DE TOUCHE. — Et moi la mienne. Il me souvient que ; lorsque j’étais amoureux, je brisai un jour mon épée confire "une pierre en lui disant d’attraper cela pour aller la nuit chez Jeanne Sourire : je me rappelle avoir embrassé son battoir et les pis de la vache que ses jolies mains gercées venaient de traire : je me rappelle que j’ai fait l’amour à une grappe dépois à sa place ; de cette grappe je pris deux cosses et je les lui remis en pleurant des larmes et en lui disant *. « Portez-les pour l’amour de moi. s Nous vrais amants nous sommes sujets à d’étranges cabrioles ; mais comme tout est mortel dans la nature, ainsi toute nature soumise à l’amour est mortellement folle.

ROSALINDE. — Tu par les plus sagement que tu ne t’en doutes.

PIERRE DE TOUCHE. — Parbleu ! je ne me douterai jamais de mon esprit que lorsque j’irai me casser l’os des jambes contre lui.