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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1869, tome 5.djvu/259

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252 LE ROI HENRI VI.

' emphase de langage. On sent que le soin qui a présidé aux quatre premiers actes n’a pas présidé à ce dernier, ou qu’il n’est pas de la même main que les autres. Mais le fait n’a plus rien d’étonnant quand on admet que ces trois drames ont été faits en collaboration, et que la part de Shakespeare dans cette œuvre commune se trouve inégalement répartie entre les trois pièces. C’est tantôt la collaboration de Shakespeare qui l’emporte, tantôt celle de son associé. Dans la première partie de Henri FI, sa collaboration s’est, selon toute apparence, bornée à un

" travail de révision. Les quatre premiers actes du présent drame sont l’oeuvre authentique de son génie ; le dernier acte et la troisième partie de Henri VI sont le fruit d’une collaboration déjà lassée, et où Shakespeare, selon toute apparence, aura passé la main à son collègue.

Une preuve que Shakespeare, sans être l’auteur du premier Henri VI, a cependant eu une part quelconque à sa création, c’est que ce-second Henri VI, qui est bien son œuvre authentique, prend exactement les événements au point où les a laissés le premier. À la fin du premier, Suffolk part pour aller épouser Marguerite par procuration de Henri. Au commencement du second, il reparaît présentant Marguerite au roi. Même chose pour le troisième Henri VI, qui s’ouvre par le parlement orageux, qui fût."la conséquence naturelle de la victoire d’York à Sàint-Albans. Ce ne sont donc pas, comme certains l’ont pré — tendu, trois drames séparés, mais trois parties d’un même tout. Il y a bien eu chez leurs auteurs intention réelle de trilogie.

La pièce abonde en beautés de premier ordre, qui ne sont pas assez remarquées, peut-être par l’unique raison qu’elles se rapportent à des événements et à. des personnages fort loin de nous et peu familiers au commun-dés- lecteurs. Quelle scène, par exemple, que la mort de Suffolk, et le dialogue violent entre le duc et le capitaine du vaisseau corsaire ! Mais que la violence