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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1869, tome 6.djvu/215

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202 LE ROI RICHARD III.

celui qui bâtit son espoir sur le néant de vos sourires, vit pareil à un matelot ivre au sommet d’un mât, toujours prêt à la moindre secousse à tomber dans les fatales profondeurs du gouffre.

LOVEL. — Allons, allons, dépêchons ; il est inutile de récriminer.

HASTINGS.— sanguinaire Richard ! Malheureuse Angleterre ! je te prédis les temps les plus terribles qu’ait jamais vus siècle tragique. Allons, conduisez-moi au billot ; portez-lui ma tête : il en est qui sourient de moi et qui sous peu seront morts. (Ils sortent.)

SCENE, V

LONDRES. — Devant LA TOUR

Entrent GLOCESTER et BUCKINGHAM, avec, des armures rouillées et dans un. accoutrement d’un étonnant désordre.

GLOCESTER - Voyons, cousin, es-tu capable ; à volonté de trembler, de danger de couleur, d’assassiner tes mots quand tu lés auras prononcés à moitié, puis de reprendre parole, puis de l’arrêter encore, comme si tu étais en délire et fou de terreur ?

BUCKINGHAM.— Bah ! je puis jouer en tragédien consommé ; parler en regardant derrière moi, tourner les yeux de côté et d’autre, trembler et tressaillir au bruit d’une paille, sous prétexte de graves soupçons : les regards d’effroi comme les sourires affectés sont à mon service, et les uns et les autres sont prêts en tout temps à faire leur office pour aider mes stratagèmes. : Mais Catesby est-il venu ?

GLOCESTER. — Il vient, et vois, il amène avec lui le maire.

Entrent LE LORD MAIRE et CATESBY.

BUCKINGHAM Laissez moi ! l’entrenir seul.—Lord maire...,