Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1870, tome 7.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vie se passe au milieu de bas-fonds et dans des misères. C’est sur une telle mer montante, que nous sommes maintenant à flot, et il nous faut suivre le courant qui se présente, ou perdre nos chances.

Cassius. — Eh bien ! qu’il en soit selon votre désir, marchez ; nous marcherons nous aussi, et nous les rejoindrons à Philippes.

Brutus. — Le milieu de la nuit est survenu doucement pendant notre entretien, et la nature est obligée d’obéir à la nécessité ; nous allons lui faire l’aumône d’un peu de repos. Vous n’avez rien de plus à dire ?

Cassius. — Rien de plus. Bonne nuit ; demain de bonne heure nous serons sur pied, — et en route !

Brutus. — Lucius, ma robe. (Sort Lucius.) Adieu, mon bon Messala : — bonne nuit, Titinius : — noble, noble Cassius, bonne nuit et bon repos.

Cassius. — Ô mon cher frère ! cette nuit avait eu un mauvais commencement ; que jamais plus nos deux âmes ne connaissent une telle division ! que cela ne soit plus, Brutus !

Brutus. — Tout est bien.

Cassius. — Bonne nuit, Seigneur.

Brutus. — Bonne nuit, mon bon frère.

TITINIUS et Messala. — Bonne nuit, Seigneur Brutus.

Brutus. — Adieu à tous. (Sortent Cassius, Titinius et Messala.)


Rentre LUCIUS avec la robe.

Brutus. — Donne-moi la robe. Où est ton instrument ?

Lucius. — Ici dans la tente.

Brutus. — Comment ! tu parles tout endormi ? Pauvre bambin ! je ne te blâme pas ; tu es fatigué de trop veiller. Appelle Claudius et quelque autre de mes gens ; je veux qu’ils sommeillent sur des coussins dans ma tente.

Lucius. — Varron et Claudius !


Entrent VARRON et CLAUDIUS.

Varron. — Mon Seigneur appelle ?