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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/138

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sortir en sorte que mon voyage pour Mantoue a. été empêché.

LE FRÈRE LAURENT. — En ce cas, qui a porté ma lettre à Roméo ?

LE FRÈRE JEAN. — Je n’ai pu l’envoyer, — la voici, — ni me procurer un messager pour la porter, tant, ils avaient peur de l’infection.

LE FRÈRE LAURENT. — Malheureux contre-temps ! Par mon saint ordre, cette lettre n’était pas insignifiante, mais contenait des choses de grande et précieuse importance ; il peut arriver de graves accidents de ce qu’elle n’a pas été remise. Frère Jean, sors, va me chercher un levier de fer, et porte-le immédiatement dans ma cellule.

LE FRÈRE JEAN. — Frère, je vais aller le chercher et te l’apporter. (il sort.)

LE FRÈRE LAURENT. — Il faut donc que j’aille seul au monument ; d’ici à trois- heures la belle Juliette se réveillera ; elle me grondera beaucoup de ce que Roméo n’a pas eu avis de ces événements : mais j’écrirai derechef à Mantoue, et je la garderai dans ma cellule jusqu’à l’arrivée de Roméo. Pauvre corps vivant, enfermé dans la tombe d’un mort ! (Il sort.)


SCÈNE III.

Un cimetière. Le monument des CAPULETS.
Entrent PARIS et son PAGE portant des fleurs et une torche.

PARIS. — Donne-moi ta torche enfant : pars d’ici, et tiens-toi à distance ; — cependant, non, éteins-la, car je ne voudrais pas être vu. Couche-foi tout de ton long sous ces ifs qui sont là-bas, et pose ton oreille contre la terre sonore ; le terrain de ce cimetière est tellement ébranlé et peu solide, tant on, y a creusé de fosses, qu’il ne se peut qu’on y fasse un pas sans que le bruit t’en arrive : dans ce