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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/20

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AVERTISSEMENT.

chez nous évêque d’Agen, et qui dans le volumineux recueil de ses Nouvelles nous a laissé un tableau si vaste de cette. Italie exubérante en passions, en crimes et en germe des siècles passés. Toutefois c’est à Luigi da Porto que revient le mérite d’avoir découvert ou inventé l’anecdote. Le germe, le rudiment des œuvres survenues plus tard doit donc être considéré comme sa propriété.

Il est vrai que selon certains critiques cette propriété devrait lui être contestée. Sans aller aussi loin que le commentateur Douce qui prétend faire remonter l’origine de cette histoire jusqu’au romancier grec, Xénophon d’Éphèse, on peut soutenir à la rigueur, que le récit de Luigi da Porto n’est que la transformation d’une nouvelle d’un vieux conteur italien, Masuccio de Salerne, dont le recueil vit le jour en 1476, c’est-à-dire un peu plus de cinquante, ans avant l’apparition du récit de Luigi da Porto. Seulement chez le vieux conteur, l’histoire est toscane et siennoise, au lieu d’être véronaise. Un jeune Siennois, Mariotto Mignanelli, s’éprit d’une jeune Siennoise, Gianozza Saraceni, et fut par elle payé de retour. Les deux, amants ne sachant comment s’ouvrir à leurs parents et arriver aux noces désirées, prirent le parti de s’unir secrètement devant un frère de Saint-Augustin. À quelque temps de là, Mariotto eut une querelle avec un de ses compatriotes et le tua. Force lui étant de s’enfuir pour sauver sa tête, il se rendit à Alexandrie, où vivait un de ses oncles qui était un riche marchand. En son absence, les parents de Gianozza annoncèrent la résolution de marier leur fille. Refus de la fille, tempête des parents. Gianozza alla confier ses chagrins au frère augustin qui l’avait mariée, et celui-ci, comme le frère Laurent, lui donna un narcotique qui devait la faire passer pour morte. Pour morte elle passa en effet, et elle fut ensevelie dans l’église de Saint-Augustin. Le moine la retira de sa tombe, et sous un déguisement la dirigea vers Alexandrie où habitait son époux. Mais l’infortuné Ma-